L'HISTOIRE
DU KENDO
Le
kendo est la plus ancienne, la plus respectée et la plus
populaire des disciplines modernes du Budo » nous indique
en 1983 Donn F. Draeger , l'un des spécialistes des arts
martiaux japonais .
Après une longue période de guerres et l'unification
du pays par le Shogun Tokugawa Ieyasu, le Japon entre dans une
ère de paix qui durera plus de 260 ans, l' époque
d'Edo (1600-1868), au cours de laquelle le kenjutsu qui a perdu
en pratique sa finalité sur les champs de bataille prend
son essor dans la formation de la caste dirigeante, celle des
bushi (ou samouraï). Le kenjutsu est alors l'un des 18 arts
martiaux que doit pratiquer le bushi. De nombreux traités
sur le sabre sont publiés à cette époque
au Japon tel le "Gorin no sho" de Miyamoto Musashi ou
le Hagakure de Yamamoto Jocho . De "sabre pour tuer"
le kenjutsu évolue vers le "sabre pour vivre"
(katsujinken) par l'étude duquel le pratiquant forge sa
personnalité. Afin de faciliter la pratique jusque là
limitée à des kata au sabre de bois (bokken) ou
au sabre réel, Naganuma Shiro développe au début
du XVIII e siècle le sabre en bambou ( shinai /shinaï)
et différentes protections (bogu) afin d'autoriser des
frappes réelles pendant les assauts. Parallèlement
à l'amélioration du matériel qui prend la
forme définitive que nous lui connaissons aujourd'hui peu
avant la fin de l'ère Edo, le kenjutsu évolue vers
sa forme moderne, le kendo.
A la Restauration de Meiji ( 1868 ), le port du sabre est interdit
par décret impérial en 1876, la caste des samouraïs
est dissoute et les arts martiaux tombent en désuétude
avec l'introduction des techniques militaires occidentales. Les
arts martiaux, dont le kenjutsu, renaissent toutefois dès
1878 dans les écoles de police et la première fédération
d'arts martiaux, la "Nihon Butokukai" est créée
à Kyoto au sein du dojo Butokuden en 1895. C'est à
peu près à la même époque, en 1899,
qu'est traduit en anglais le livre "Bushido" de Nitobe
Inazo (1862-1933) qui contribuera grandement à faire connaitre
à l'étranger les arts martiaux Japonais. Jusque
là appelé kenjutsu, c'est en 1912 qu'il est fait
pour la première fois mention du kendo dans la publication
des "Nihon Kendo no Kata" (Kata pour le Kendo). L' Occident
découvre le kendo dès le XIX e siècle à
travers des récits de voyages. En 1899 , une première
démonstration de kendo a lieu en France à l'occasion
de la visite du créateur du judo moderne, Kano Jigoro.
La défaite du Japon en 1945 porte un coup sévère
aux arts martiaux japonais en général et au kendo
en particulier, responsables selon l'occupant Américain
de véhiculer une idéologie militariste via le Bushido
. Le kendo sera d'ailleurs interdit après la guerre, mais
sa pratique sportive se poursuivra sous le nom de "compétition
au shinai" jusqu'en 1952 date à laquelle se constitue
la Fédération Japonaise de Kendo (Zen Nippon Kendo
Renmei). A cette occasion, des maîtres sont dépêchés
à l'étranger, en France notamment. Citons ici maître
Mochizuki Minoru , notamment 4 e dan de kendo. Sous le contrôle
de ces maîtres japonais, parfois rivaux, la France commence
la pratique du kendo dès le début des années
1950 sous l'égide de la Fédération Française
d'Aïkido, Taï-Jitsu et Kendo qui organise le premier
championnat de France de kendo en 1959 .
En France, le Kendo est apparu en 1956 , pendant une dizaine d'années
sa pratique resta confidentielle; à partir de 1967 les
premières missions officielles japonaises apportèrent
leur aide et des groupes se structurèrent. C'est en 1972
que l'unité se réalisa avec l'entrée du Kendo
au sein de la F.F.J.D.A. Le COMITE NATIONAL DE KENDO devenait
ainsi, en 1973 "Disciplines Associées" et intégrait
avec lui le Naginata, le Iaïdo et le Jodo
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